Vous avez après le boulot un rendez-vous que vous ne voulez
pas manquer. Disons, une assemblée générale des copropriétaires (et dieu que ça
vous enchante de redécouvrir à chaque AG que vous vivez entouré d’emmerdeurs
patentés et de crétins congénitaux).
Vous minutez votre journée façon mariage royal. Mais, après
avoir expédié votre héritier au centre de loisirs et joggé jusqu’au métro, vous
vous rendez compte que ça va pas être si simple que ça.
Vous avez une obligation, vous avez tout bien planifié, mais
les astres s’en tamponnent le coquillard. Voire même vont vous rappeler qui
c’est le chef.
En un mot, la loi Murphy se met en branle. Inexorablement.
Le quai du métro est noir de monde. Ouaip, un mercredi. A
8h00.
L’annonce crachotée par les haut-parleurs confirme ce dont
vous vous doutiez déjà : il y a une couille dans le pâté (délicieusement
hideuse cette expression, mais je l’adore). En fait, la dame de la ratp a
plutôt dit que le trafic était ralenti sur la ligne 5 (duh, comme disent les
ados ricains). Mais avouons sans scrupule préférer une bonne petite grossièreté
à son message lénifiant.
Le métro arrive, il est blindé. Et comme vous habitez à une
station du terminus, vous vous dites… Non, finalement, vous ne vous dites rien.
Vous montez. Avec un visage qui hésite entre le fatalisme et un début de grande
fatigue que n’aurait pas renié le grand Lino Ventura.
A votre gauche, un ado à sac à dos. A votre droite, une dame
à l’hygiène buccale douteuse qui soupire, surtout dans votre direction
d’ailleurs. Dans votre dos, le cabas tout en angles d’une modasse qui veut
absolument le garder à la saignée du coude. Devant vous, la barre du métro, que
dis-je la réincarnation de Jim Morrison : tout le monde veut y mettre la main,
quitte à vous plaquer l’aisselle au niveau de la figure.
Alors débute une lente lutte insidieuse. En apnée. Car la
dame qui ne connait pas la Listerine, s’est rapprochée de vous. Ma foi, vous
êtes sympathique et vous sentez bon, ne blâmez pas les autres s’ils sont
attirés comme des mouches.
Le but du combat est simple : garder votre main sur
Jim, pardon, la barre. Et vous caler de telle façon à échapper à l’Eastpack de
l’asperge et aux contacts directs des autres passagers. Car, non, vous ne tenez
pas plus que ça à les connaitre tous ces usagers dont vous partagez la misère. Vous
plantez fermement votre regard sur la poésie inepte sélectionnée par nos amis
de la ratp (mais jusque où va le sadisme de ces gens ?) et vous comptez
les stations.
A Stalingrad, vous jetez l’éponge et quittez le ring pour la
ligne 7.
Manque de pot, la ligne 7 est aussi perturbée.
Un gars vous questionne sur le pourquoi du ralentissement.
Vous avez très envie de lui rétorquer que vous ne travaillez pas ici.
Le métro arrive. Bon, ben, va falloir jouer des coudes.
Les wagons sont quand même plus vastes que ceux de la ligne
5 : tout le monde rentre et on peut respirer sans trop de mal.
Sauf une dame qui fait un malaise. On tire le signal d’alarme.
Et là, vous vous découvrez avec stupeur que votre humanité se
réduit comme peau de chagrin dans les transports en commun (magnifique cette
rime) car vous vous exclamez « Ptain mais c’est pas vrai ! ».
10 minutes s’écoulent très lentement. On ventile la dame, on
lui propose de l’eau (en fait non, parce que personne n’a une bouteille d’eau
dans le wagon... ou ne veut lui passer), on lui répète à maintes reprises que ce serait mieux pour elle
si elle descendait sur le quai (pour elle ou pour nous ? je ricane tout
bas). Le chauffeur arrive, constate que la dame s’est remise et repart aussi
sec.
Temps du trajet : 55 minutes. Habituellement : 35.
Voilà, vous vouliez arriver plus tôt au bureau pour vous éclipser
comme une fleur à 17h30. C’est cuit.
Merci qui ? Merci Murphy !
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