mardi 18 décembre 2012

La minute Pivot #7 : Black Swan

On notera que j'ai comme un retard de plusieurs mois dans mes visionnages de films.

Je peux l'expliquer : me retrouver dans une salle obscure avec des bouffeurs de popcorn qui consultent leur lumineux écrans de smartphone toutes les minutes m'emmerde profondément (dernière entorse en date "Skyfall", j'avais besoin d'une récréation avec Daniel). Et payer un dvd pour un film auquel je crois moyen, aussi.

Alors bien sûr je pourrais louer ledit dvd ou bien aller le chourer sur internet (avec Hadopi qui veille, z'êtes fous ou quoi ?!). Ne m'en demandez pas trop.

Du coup, j'attends patiemment mes déplacements professionnels pour profiter de la fantastique programmation de Canal Plus dispensée dans les chambres d'hôtel que je fréquente (elle est pas exaltante ma vie ?).

Dernière séance de rattrapage : Black Swan ou comment prendre conscience qu'une heure quarante-cinq peut être interminable.

Y'a pas à dire, un régime végétaliste, ça donne un joli teint.
Pour les incultes, c'est un régime alimentaire sans viande, sans poisson, sans laitage, ni oeuf, ni miel (vu que ça vient de l'animal). Miam !


On y suit Nina (Nathalie Portman, la peau sur les os, la teint façon endive cuite à l'eau, trois expressions à son répertoire "je suis sur le point de pleurnicher", "je souffre stoïquement", "Mais que se passe-t-il ?". Elle a raflé un Oscar pour ça.) une danseuse du corps de ballet de New York qui voit enfin ses (douloureux) efforts récompensés puisqu'elle obtient le rôle principal du Lac des cygnes. Evidemment, ça ne va pas être un lit de roses.

Là où le réalisateur faisait preuve d'une grande inventivité pour filmer la défonce/le manque/la déchéance dans "Requiem for a dream" (avec la meilleure bande son jamais créée... j'exagère à peine), il en manque curieusement ici. Tout est lourdement démontré : il reprend les couleurs blanc/noir des costumes des cygnes pour son décor (oh audacieux !), il filme Nathalie Portman de dos comme si quelqu'un la suivait (la pauvresse voit des doubles maléfiques partout, quel coup de génie !), sa caméra virevolte comme une ballerine sous exta (ça file un peu la nausée). Il en rajoute une couche avec une bande son discordante et, en écho, un rire de folle dingue (toujours cette chieuse de double maléfique). Darren penserait-il que son génie par trop fulgurant doit être poussivement expliqué aux lents de la comprenette que nous sommes ?

Attention au double maléfique Nathalie-mais que se passe-t-il Portman !

Ah oui, y'a notre Vincent Cassel national dedans... Sinon, j'ai mis cette photo parce que le cou de Portman me file les jetons.

L'ennui, c'est que tout ça est terriblement longuet et redondant. L'ennui, c'est qu'on commence à réfléchir à sa journée de boulot de demain (preuve s'il en faut, qu'on est pas du tout dans le film). Voire qu'on se saisit du Elle acheté à Orly en grommelant pour la énième fois que ce magazine est d'une superficialité crasse (et qu'on est bien con de continuer à le lire bon sang).

Arrivent les scènes hot. Enfin hot, glauques surtout. M'est avis qu'Aronofsky a un reste de geek puceau en lui. Du coup, ben, ça donne des trucs bizarres. Miss Portman se masturbe façon acrobate épileptique qui nique son matelas. Et la scène lesbienne ressemble assez à ce que propose M6 très tard les dimanches cafardeux. Mila Kunis fait du Mila Kunis (je suis une pile électrique sexuelle avec une paire d'yeux d'extraterrestre et une forme de crâne assorti). Portman fait sa biche effrayée. On baîlle. 

Le mal qu'on se donne pour gagner un oscar !

Dieu merci, on est plus trop loin de la fin de notre calvaire. Nina perd les pédales, enfin encore un peu plus que depuis le début du film, elle parfait sa métamorphose onirique avec le cygne noir (le fameux double maléfique qu'elle souhaiterait au fond être : libérée de ses peurs d'échec, libérée de son carcan de maniaque du contrôle), elle s'auto-poignarde en pensant se débarrasser de sa rivale (la Kunis) et meurt heureuse parce qu'elle a parfaitement exécuté ses pas de danse.

Rideau.